Ne criez pas.
Je suis engouffrée, les mains sur mes oreilles, en pleine fanfare.
Je marche en zig-zag, pour trouver ma place, dans ce monde vaste.
Je me force à être à la mode de chez vous,
je me sens muselée par toutes vos règles.
Je fais de mon mieux dans les mailles de vos filets,
à tendre le bras pour mon sauvetage,
attendre si bas que ma douleur passe.
Ne criez pas. Ne frappez pas vos mots sur moi.
Je ne suis qu'une âme, je ne suis qu'un dessin,
juste une impression de milliers de couleurs,
d'une générosité encrée à la proue de mon navire,
un portrait qui vous exprime que ma présence est importante.
Ne criez pas. Ne vous disputez pas.
Je comprends votre langue, mais je vous en prie, comprenez la mienne.
Je marche en zig-zag, j'évite vos excès,
vos querelles et vos pelles, qui tapent mon dos,
qui tapent mes fleurs, mon avenir à éclore.
J'ai de belles raisons qui me réjouissent,
la nature qui me murmure toutes ces années où vous m'avez épluchez,
sans jamais me trouver.
Ne criez pas. Ne vous moquez pas.
Ne m'agressez pas. Ne me jugez pas.
Tenez-moi la main, prenez-moi le bras, ouvrez-moi la porte,
ne soyez plus le pire de mes cauchemars.
La cour de récré, tous ces cris qui montent,
tous ces pas qui plombent, tous ces corps qui bougent,
tous ces mots de profs, toutes ces classes d'études,
mes cahiers salis par leurs notes rouges,
le vacarme des cantines,
et ce portail haut aux barreaux si lourd,
qui me retenait contre mon gré, à vous côtoyez.
Ne criez pas.
Je marche en zig-zag, j'évite vos gens,
vos manque d'empathie et de compréhension,
devant ma différence et ma raison.
J'apprécie la vie, j'apprécie les vies qui ont des racines,
tous ces sons mélodieux que les dieux ont offerts,
cette sérénité de ces grandes forêts,
ces hautes montagnes, ces larges bras de mer,
ces profond océans, la force des vents,
qui pousse les déserts, qui pousse les nuages,
qui porte la pluie, qui préserve l'esprit.
Ne criez pas. Ne tirez pas. N'écrasez pas. Ne blessez pas.
Je vois la lumière, le lumière est belle.
Pourra-t-on se dire un jour que les astres de la mémoire nous permettrons de croire
que les rayons de lumière, s'ils nous étaient offerts et si nous les tirions,
pourraient devenir des liens qui s'animent, parvenant enfin à préserver la vie ?
Celle que l'on peut nous reprendre à tout instant.
Ne criez pas. Ne m'accablez pas. Ne me gâchez pas.
Ma voie est difficile, elle est semée d'embûches.
Si je zig-zag c'est pour éviter les gens,
car dans mon cœur, je suis heureuse,
car dans mon cœur, je suis fidèle,
car dans mon cœur, je me préserve.
Je suis bien dans mon corps, je suis bien dans ma tête,
je me porte bien, je vais bien.
Et vous ?
Marie RECURT
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