À ses gens qui marchent, courent après la réussite et la noirceur de l’argent, je dis Joker. À ses journaux sales de paroles, bien vide et de pages rugueuses, je dis Joker. À ses films de violences, de sexes et de mensonges, je dis Joker. À ses êtres vivants qui brisent la Terre, violeurs, agresseurs, imposteurs et carnivores du diable, je dis Joker. À la consommation, la détresse des âmes riches, les arnaques et les guerres de religion, je dis Joker. Parce que les cartes peuvent apporter du jeu, peuvent prendre votre temps, peuvent prendre vos vies. Avis aux amateurs de jeux de rues, au poker destructeur, au tarot annonciateur de bonne nouvelle : prenez garde. Les cartes se lisent, se déchiffrent, se plient, se tordent, se déchirent et se brulent. Les cartes sont douces aux angles arrondis mais elles taillent. Si je songe à un chiffre il serait ni pair, ni impair, mais inférieur à l’as. Si je songe à un titre, il ne pourrait pas être pris au sérieux. C’est pourquoi je dis Joker. Je ne suis ni un symbole de trèfle, de pique, de cœur ou de carreaux. Je ne suis ni image de mort, ni soleil de chance. Je ne provoque pas l’argent et je ne porte pas de méchanceté. Je suis unique et mon rôle est de satisfaire toute pensée aspirante à un monde différent. À la croisée des lignes de mes mains, je perçois néanmoins que je reste un mystère quand le dos de ma carte est tourné, ce qui me vaut le plus beau des compliments : méfiez-vous des apparences. Si Dieu nous a fait à son image, il est possible qu’il ne soit pas si loin de nous, près du chemin qui mène à nos vies de cirque. Les jeux sont ouverts. Marie RECURT © NE PAS COPIER - PROTECTION SACD