Voici un des deux poèmes que j’ai écris et qui a été retenu au concours « Dialoguer en poésie ».
Le soldat porte sa valise. Elle paraît ne pas être un poids. Son fardeau à lui, semble intérieur. Il s’émiette dans sa marche. Ses chaussures laissent sur la terre mouillée les marques du gamin étonné qu’il fut, fasciné par le progrès et les sciences nouvelles. Le port de l’uniforme l’a ébloui jusqu’à perdre son éclat, volé brusquement par la noirceur de la guerre. Il est un cœur aride. Personne ne le juge, personne ne passe devant lui sur le chemin. Oui, il est de ses hommes vivants qui se pensent déjà morts. Le thé qu’il a pris avec son frère avant de partir défendre son roi, restera le seul souvenir qu’il gardera de sa vie d’avant. Son âme diaphane se disperse, fond tel la neige qui se pose sur le sol et rejoint le nid de la source. Il avance sans regarder où il va. Il porte à son gilet la médaille d’honneur, pour son courage, pour avoir sauvé des vies. Mais quelles vies ? Son frère n’est pas rentré, il ne rentrera jamais plus. Alors pourquoi retrouver la maison ? Ses vieux ne sont plus, personne ne l’attend. Il n’y a plus de patelin, rien que des ruines. Ses pertes sont immenses. Sa pause, il l’a bien mérité. Il ne voit devant lui qu’un lac d’eau vaseuse que ne sait comment se purifier. Le soldat porte sa valise. Elle paraît ne pas être un poids. Son fardeau à lui, semble intérieur. Il s’émiette dans sa marche. Ses chaussures laissent sur la terre mouillée les marques d’un homme vivant qui se pense déjà mort. Je ne sais quoi vous dire, si ce n’est que son chemin ne croise pas le mien. Je ne peux vous dire que ce que j’aperçois. L’épingle de sa médaille pique sa chair à chaque pas qu’il fait. Marie RECURT ©NE PAS COPIER - PROTECTION SACD